Lors de l’édition du Who’s Next de septembre dernier, nous avons rencontré Henri Delebarre, journaliste de mode pour plusieurs magazines, dont Marie Claire et Magazine Antidote pour qui il est chef d’édition. Il écrit sur la mode et la joaillerie depuis maintenant 2 ans.
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Qu’est-ce qui vous inspire / vous passionne ?

 La mode en général, qu’il s’agisse de vêtements ou d’accessoires, comme la joaillerie, ou la maroquinerie notamment. Je suis assez fasciné par le pouvoir qu’ont ces simples objets pour faire passer des messages, des émotions. Tout ce qu’il y a derrière une pièce, son histoire, son processus de création, les références qui ont donné naissance à l’envie de sa création me fascine.

 

Quelle est votre boutique / concept store préféré ?

 J’aime beaucoup le concept store Nous rue Cambon, qui a été fondé par des anciens de chez Colette et la nouvelle boutique Saint Laurent Rive Droite qui est d’ailleurs installée dans les anciens locaux de Colette, rue Saint Honoré et qui propose une large gamme de produits, du plus sophistiqué au plus prosaïque comme un simple briquet. Il n’y a pas seulement des produits Saint Laurent d’ailleurs. La sélection est très intéressante, variée et changeante.

 

Quels sont les enjeux de votre métier aujourd’hui ?

 Faire évoluer le print pour que les magazines papiers restent attractifs, pertinents. Aujourd’hui, quand on vend un magazine, il faut offrir quelque chose de qualitatif au client qui l’achète et qui est prêt à débourser de l’argent pour avoir accès au contenu du magazine ou du journal en question. Car avec internet, on a pris l’habitude d’avoir accès à tout, gratuitement. Donc quand quelqu’un débourse de l’argent pour un magazine ou pour avoir accès à un article, il faut lui apporter quelque chose de plus, c’est essentiel pour garder son audience en haleine, pour rester pertinent. De ce fait, dans le futur, je pense que les magazines qui vont sortir du lot seront ceux qui sont dans cette démarche. Evidemment, les ventes vont continuer à baisser et les tirages seront de moins en moins importants. Ce qui compte, c’est la qualité du contenu, c’est ainsi que le print peut se démarquer du web où l’on lit parfois n’importe quoi. D’un autre côté, le web est essentiel aussi pour un magazine print, pour conquérir une nouvelle audience, plus large. Et je pense que les magazines survivront aussi en diversifiant leur activité, en se développant comme de vraies marques, presque lifestyle. En s’aventurant sur d’autres domaines, en créant d’autres formes de contenus que des textes ou des images, je pense à des podcasts par exemple, ou à des conférences, des court-métrages, etc.

En tant que journaliste, on doit aussi faire face à la démocratisation de la critique. Aujourd’hui avec Instagram, tout le monde peut s’improviser critique de mode, se dire journaliste de mode. C’est stimulant, cela oblige à se remettre en question, et à se demander quel est notre rôle. Sommes-nous plus légitimes qu’un blogueur pour critiquer un défilé ? Quoiqu’il en soit, l’important pour appréhender un défilé, une collection, un produit, c’est le regard qu’on a. Et il faut que ce regard soit nourri par la culture, par une connaissance générale. La mode ne fonctionne pas en vase clos mais communique avec de nombreux autres domaines auxquels il faut également s’intéresser. Un défilé, un produit, s’inscrit toujours dans un contexte, dans une histoire.

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Le Who’s Next en 3 mots ?

 C’est un événement avec une offre très large et très intéressante. Il y a de tout, du prêt-à-porter, de l’accessoire, de la beauté, et même de la décoration.

Je dirais donc :

 ⁃       Novateur

⁃      En phase avec son époque (je pense notamment à l’initiative Impact créée cette année par Who’s Next), pour une mode plus vertueuse, qu’il est important de soutenir et de mettre en avant. Le Who’s Next lui offre une vitrine, je trouve cela très bien.

⁃       Polyvalent, avec une offre riche, étoffée

 

Un conseil pour ceux ou celles qui se lancent dans la création d’une marque et voudraient participer à Who’s Next pour se faire connaître ?

 Je pense qu’avant de lancer sa marque, aujourd’hui, il faut vraiment réfléchir au propos que l’on veut soutenir. Le marché est déjà tellement saturé. Pourquoi créer une nouvelle marque, une de plus ? Je pense que c’est vraiment la question qu’il faut se poser quand on se lance. Il faut avoir quelque chose à dire, mais pas seulement, il faut que ce quelque chose soit original, novateur, qu’il comble un vide, un manque, tout en étant en accord avec les enjeux de notre époque. Il faut aussi être qualitatif. Seul, le storytelling n’est que du vent.

 

Comment voyez-vous le futur de la mode ?

Je pense que le futur de la mode devra nécessairement passer par une prise de conscience en terme d’écologie. La mode doit vraiment se remettre en question et pas simplement avoir recours au greenwashing. Je pense qu’il faut absolument que la mode évolue mais pas seulement en surface, pour être totalement en phase avec son époque, avec ses défis. Il faut qu’elle trouve des réponses. Et au delà de ces questions en lien avec l’écologie, le développement durable, il y a aussi la question de l’inclusivité, qui commence vraiment a s’imposer et qui est aujourd’hui indispensable. La mode doit aujourd’hui faire très attention à ce qu’elle dit et comment elle le dit. Elle commet des erreurs, évidemment, qui donnent naissance à des scandales, mais l’important, c’est qu’elle apprend de ces erreurs, pour éviter de les répéter.

 

Quelles sont vos pièces coup de cœur repérées sur Who’s Next ?

 Les articles en céramique de la Manufacture parisienne.

Les masque de la marque de beauté Malou et Marius.